mardi 8 janvier 2008

Tokyo problème

Le Japon, longtemps considéré comme patrie du jeu vidéo, aurait-il perdu de sa "prestance" depuis l’arrivée des consoles dites de nouvelle génération ? Certains acteurs de l’industrie nippone le concèdent, sans détour…

Dans la dernière édition du Game Developer Magazine, le compositeur et producteur actuel de la série Silent Hill, Akira Yamaoka, qui supervise le développement du 5ème épisode, aux USA, explique combien les éditeurs japonais se doivent désormais, en réponse au marché, de créer des jeux le plus rapidement possible avec des impératifs de coûts moindres ( remarquez, cette problématique est finalement universelle ). Sous pression donc, il indique également que ces mêmes éditeurs font ensuite peser les charges, je cite, "sur des développeurs qui vieillissent, ( … ) et pour des salaires pas si terribles". Pire, il renchérit : "Je ne vois pas beaucoup de jeunes créateurs de jeux au Japon, et puis je regarde vers l'ouest ( ndlr. les Etats-Unis ) et je vois tous ces jeunes mecs arriver si vite, c'est étonnant". En effet, si il s’inquiète de cette situation au Japon, Akira avoue, en revanche, son admiration pour les studios américains : "Je suis très impressionné par l'équipe The Collective qui travaille sur Silent Hill 5 et leur technologie. Leurs aptitudes graphiques et technologiques sont incroyables".

Des propos qui rejoignent ceux tenus par Atsushi Inaba, le producteur de Steel Battalion, de Viewtiful Joe et plus récemment d’Okami, dans le dernier numéro du magazine anglais Edge. Et ce dernier va même plus loin, en regrettant que les créateurs japonais peinent aujourd’hui à imaginer des personnages susceptibles de contenter le public occidental : "Parce que nous avons perdu de vue l'essence de notre savoir faire, vous ne voyez pas beaucoup de jeux japonais avoir du succès à l'étranger" ; God of War d’ailleurs, développé par Sony of America, indique Mr Inaba, "a un goût de jeu japonais comme nous savions les faire auparavant".

Plus encore, cette carence créative semble doublée d’un retard technologique : "Il y a un grand écart entre les équipes japonaises et les américaines qui sont très avancées. Je suis japonais et ce n'est pas simplement pour Silent Hill 5 que je le remarque mais pour toute l'industrie" reconnaît Akira ; une réflexion qu’il est possible d’imager avec les récentes productions occidentales : Assassin’s Creed, Bioshock, Uncharted : Drake’s Fortune.

En résumé, selon ces acteurs nippons, et comme le conclut ( judicieusement ? ) le producteur du nouvel opus de la série Silent Hill : "Je regarde ce que font les développeurs américains et je me dis... wow ! le Japon a un problème".

Aucun commentaire: